Analysis of La Petite Sœur

Maurice Rollinat 1846 (Châteauroux) – 1903 (Ivry-sur-Seine)



En gardant ses douze cochons
Ainsi que leur mère qui grogne,
Et du groin laboure, cogne,
Derrière ses fils folichons,

La sœurette, bonne d’enfant,
Porte à deux bras son petit frère
Qu’elle s’ingénie à distraire,
Tendre, avec un soin émouvant.

C’est l’automne : le ciel reluit.
Au long des marais de la brande
Elle va, pas beaucoup plus grande,
Ni guère plus grosse que lui.

Ne s’arrêtant pas de baiser
La petite tête chenue,
Sa bouche grimace, menue,
Rit à l’enfant pour l’amuser.

Elle lui montre le bouleau ;
Et lui dit : « Tiens ! la belle glace ! »
Et le tenant bien, le déplace
Pour le pencher un peu sur l’eau.

Et puis, par elle sont épiés
Tous les désirs de ses menottes ;
Elle chatouille ses quenottes,
Elle palpe ses petits pieds.

Sa chevelure jaune blé
Gazant son œil bleu qui l’étoile,
Contre le soleil fait un voile,
Au baby frais et potelé.

Ils sont là, parmi les roseaux,
Dans la Nature verte et rousse,
Au même titre que la mousse,
Les insectes et les oiseaux :

Aussi poétiques à l’œil,
Vénérables à la pensée !
Double âme autant qu’eux dispensée
De l’ennui, du mal et du deuil !

Par instants, un petit cochon,
Sous son poil dur et blanc qui brille,
Tout rosâtre, la queue en vrille,
Vient vers eux d’un air drôlichon.

Il s’en approche, curieux,
Les lorgne comme deux merveilles,
Et repart, ses longues oreilles
Tapotant sur ses petits yeux.

Et puis, c’est un lézard glissant,
Ou leur chienne désaccroupie,
Éternuant, tout ébaubie,
Pendant son grattage plaisant.

Alors la sœur dit au petiot
Dont l’œil suivait un vol de mouche :
« Regarde-la donc qui se mouche
« Et qui s’épuce — la Margot ! »

Au souffle du vent caresseur
Chacun fait son bruit monotone :
Ce qu’elle dit — ce qu’il chantonne :
Même vague et même douceur !

Entre des vols de papillons
Leur murmure plein d’indolence
S’harmonise dans le silence
Avec la chanson des grillons.

Mais le marmot que le besoin
Gouverne encore à son caprice
Crie et réclame sa nourrice
En agitant son petit poing.

Ses pleurs sont à peine séchés
Qu’il en reperle sur sa joue...
La sœurette lutine et joue
Avec ces chagrins si légers.

À mesure qu’il geint plus fort,
Que davantage il se désole,
Sa patience le console
Avec plus de sourire encor.

Le tourment de l’enfant navré
A grossi les larmes qu’il verse...
Elle le berce — elle le berce,
Le pauvre tout petit sevré !

Elle l’appelle « son Jésus ! »
Le berce encore et lui reparle,
Tant qu’elle endort le petit Charle,
Mais l’âge reprend le dessus.

Elle est fatiguée, elle a faim.
Elle va comme une machine,
Renversant un peu son échine
Sous ce poids trop lourd à la fin.

L’enfant recommence à crier :
Sa sœur met sa force dernière
À le porter — taille en arrière
Que toujours plus on voit plier.

C’est temps qu’il ne dise plus rien !
Sur sa capote elle le pose,
Et pendant qu’il sommeille, rose,
Elle mange auprès, va, revient,

D’un pied mutin, vif et danseur.
Et quand le petiot se réveille,
Il retrouve toujours pareille
La Maternité de sa sœur.


Scheme ABBA CDDC CCCE DBBD EAAE AAAA EEEE AAAA XFFE BEEB AAAA CXXC CGGC DBBD AAAA BAAX AHHA CIIX DAAD AEXA XBBB JDDJ BAAC DEEJ
Poetic Form Quatrain  (75%)
Metre 11111 1111111 11111 11111 11111 11111011 1111 11111 11011 1111111 111111 11111110 111111 101111 11101 1111 110101 11011111 10101011 1011111 1111111 1111111 1111 11111 1111 1111111 1001111 110111 111111 1110111 1111111 11111 11111 111111 1011111 1111111 111101 11111111 1111111 1111111 1111 11111 11111 11111 1111111 11111 111 10111 1111111 11111111 111111 1111110 101111 111110 111111 1111111 101111 1111 11010 11111 101101 11101 111111 111101 1111111 111111 111111 111111 11111 111111 110010 11111 01111 0101111 101101 011101 11111 0111101 1110101 111101 10111101 111101 11111 1111111 1110 11111111 0101111 1111110 1111111 1101101 110111 111111 111111 1101111 1111 111111
Closest metre Iambic pentameter
Characters 3,017
Words 524
Sentences 32
Stanzas 24
Stanza Lengths 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4
Lines Amount 96
Letters per line (avg) 23
Words per line (avg) 6
Letters per stanza (avg) 92
Words per stanza (avg) 23
Font size:
 

Submitted on May 13, 2011

Modified on March 05, 2023

2:37 min read
35

Maurice Rollinat

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    "La Petite Sœur" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 27 Apr. 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/27629/la-petite-s%C5%93ur>.

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