Analysis of Je la revois, après vingt ans, l'île où Décembre
Victor Marie Hugo 1802 (Besançon) – 1885 (Paris)
Je la revois, après vingt ans, l'île où Décembre
Me jeta, pâle naufragé.
La voilà ! c'est bien elle. Elle est comme une chambre
Où rien encor n'est dérangé.
Oui, c'était bien ainsi qu'elle était ; il me semble
Qu'elle rit, et que j'aperçois
Le même oiseau qui fuit, la même fleur qui tremble,
La même aurore dans les bois ;
Il me semble revoir, comme au fond d'un mirage,
Les champs, les vergers, les fruits mûrs,
Et dans le firmament profond le même orage,
Et la même herbe au pied des murs,
Et le même toit blanc qui m'attend et qui m'aime,
Et, par delà le flot grondeur,
La même vision d'un éden, dans la même
Éblouissante profondeur.
Oui, je la reconnais cette grève enchantée,
Comme alors elle m'apparut,
Rive heureuse où l'on cherche Acis et Galatée,
Où l'on trouve Booz et Ruth ;
Car il n'est pas de plage, ou de montagne, ou d'île,
Parmi les abîmes amers,
Mieux faite pour cacher les roses de l'idylle
Sous la tragique horreur des mers.
Ciel ! océan ! c'était cette même nature,
Gouffre de silence et de bruit,
Ayant on ne sait quelle insondable ouverture
Sur la lumière et sur la nuit.
Oui, c'étaient ces hameaux, oui, c'étaient ces rivages ;
C'était le même aspect mouvant,
La même âcre senteur de bruyères sauvages,
Les mêmes tumultes du vent ;
C'était la même vague arrachant aux décombres
Les mêmes dentelles d'argent ;
C'étaient les mêmes blocs jetant les mêmes ombres
Au même éternel flot changeant ;
C'étaient les mêmes caps que l'onde ignore et ronge,
Car l'âpre mer, pleine de deuils,
Ne s'inquiète pas, dans son effrayant songe,
De la figure des écueils ;
C'était la même fuite immense des nuées ;
Sur ces monts, où Dieu vient tonner,
Les mêmes cimes d'arbre, en foule remuées,
N'ont pas fini de frissonner ;
C'était le même souffle ondoyant dans les seigles ;
Je crois revoir sur l'humble pré
Les mêmes papillons, avec les mêmes aigles
Sur l'océan démesuré ;
C'était le même flux couvrant l'île d'écume,
Comme un cheval blanchit le mors ;
C'était le même azur, c'était la même brume.
Et combien vivaient, qui sont morts !
Scheme | ABAB CDCD EDED FAGA GHGX CDCD AHAH DHDH DHDH EDED DADA DADA FDFD |
---|---|
Poetic Form | Quatrain (92%) |
Metre | 111111110111 11101 11111101111 11110111 11111111111 1111111 0111111111110 1111111 111011111101 11111111 110110111 111111111 10111111011111 111011 111101111111 11 1111111011 1111 1111111111 1111111 111011111101110 11111 111111011 111111 1111111110 1110111 1111111 11111111 1111111111 1101111 111111111 111111 1111111111 1111110 11111111111 111111 111111110111 1111111 11111111 111011 11111101111 11111110 111111111 111011 11011011111 110111101 111111111 11111 11011111011 111101 110111111111 111111 |
Closest metre | Iambic hexameter |
Characters | 2,092 |
Words | 351 |
Sentences | 12 |
Stanzas | 13 |
Stanza Lengths | 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4 |
Lines Amount | 52 |
Letters per line (avg) | 29 |
Words per line (avg) | 7 |
Letters per stanza (avg) | 114 |
Words per stanza (avg) | 28 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on March 05, 2023
- 1:57 min read
- 74 Views
Citation
Use the citation below to add this poem analysis to your bibliography:
Style:MLAChicagoAPA
"Je la revois, après vingt ans, l'île où Décembre" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 30 Apr. 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/37748/je-la-revois%2C-apr%C3%A8s-vingt-ans%2C-l%27%C3%AEle-o%C3%B9-d%C3%A9cembre>.
Discuss this Victor Marie Hugo poem analysis with the community:
Report Comment
We're doing our best to make sure our content is useful, accurate and safe.
If by any chance you spot an inappropriate comment while navigating through our website please use this form to let us know, and we'll take care of it shortly.
Attachment
You need to be logged in to favorite.
Log In