Analysis of Ce siècle est grand et fort. Un noble instinct le mène
Victor Marie Hugo 1802 (Besançon) – 1885 (Paris)
Ce siècle est grand et fort. Un noble instinct le mène.
Partout on voit marcher l'Idée en mission ;
Et le bruit du travail, plein de parole humaine,
Se mêle au bruit divin de la création.
Partout, dans les cités et dans les solitudes,
L'homme est fidèle au lait dont nous le nourrissions ;
Et dans l'informe bloc des sombres multitudes
La pensée en rêvant sculpte des nations.
L'échafaud vieilli croule, et la Grève se lave.
L'émeute se rendort. De meilleurs jours sont prêts.
Le peuple a sa colère et le volcan sa lave
Qui dévaste d'abord et qui féconde après.
Des poètes puissants, têtes par Dieu touchées,
Nous jettent les rayons de leurs fronts inspirés.
L'art a de frais vallons où les âmes penchées
Boivent la poésie à des ruisseaux sacrés.
Pierre à pierre, en songeant aux vieilles moeurs éteintes,
Sous la société qui chancelle à tous vents,
Le penseur reconstruit ces deux colonnes saintes,
Le respect des vieillards et l'amour des enfants.
Le devoir, fils du droit, sous nos toits domestiques
Habite comme un hôte auguste et sérieux.
Les mendiants groupés dans l'ombre des portiques
Ont moins de haine au coeur et moins de flamme aux yeux.
L'austère vérité n'a plus de portes closes.
Tout verbe est déchiffré. Notre esprit éperdu,
Chaque jour, en lisant dans le livre des choses,
Découvre à l'univers un sens inattendu.
Ô poètes ! le fer et la vapeur ardente
Effacent de la terre, à l'heure où vous rêvez,
L'antique pesanteur, à tout objet pendante,
Qui sous les lourds essieux broyait les durs pavés.
L'homme se fait servir par l'aveugle matière.
Il pense, il cherche, il crée ! A son souffle vivant
Les germes dispersés dans la nature entière
Tremblent comme frissonne une forêt au vent !
Oui, tout va, tout s'accroît. Les heures fugitives
Laissent toutes leur trace. Un grand siècle a surgi.
Et, contemplant de loin de lumineuses rives,
L'homme voit son destin comme un fleuve élargi.
Mais parmi ces progrès dont notre âge se vante,
Dans tout ce grand éclat d'un siècle éblouissant,
Une chose, ô Jésus, en secret m'épouvante,
C'est l'écho de ta voix qui va s'affaiblissant.
Scheme | AXAA BBBB CBCB BBBB BBBB BBBB BDBD DBDB EDED BFBF DDDD |
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Poetic Form | Quatrain |
Metre | 1110111111010011 11110111110 10110111011 1101111111 111111111 110110111101 11111110 1111111110 1111111111 11111111111 01011110111 1111111111 1111111111 111111111 11011111111 11111111 0101111111 11111111 0111111 0011111011 011111111 1111110111 11111111 111111111111 111111011110 11011110011 111110111 111111 11011111 1111011111 1011111 1111111111 111111111 111111101011 1111111011 11111111 11111111100 1111111101 1111111 1111101111 11111110111 1111111111 111111011 111111111 |
Closest metre | Iambic heptameter |
Characters | 2,150 |
Words | 355 |
Sentences | 27 |
Stanzas | 11 |
Stanza Lengths | 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4 |
Lines Amount | 44 |
Letters per line (avg) | 36 |
Words per line (avg) | 8 |
Letters per stanza (avg) | 144 |
Words per stanza (avg) | 33 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on March 05, 2023
- 1:53 min read
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Style:MLAChicagoAPA
"Ce siècle est grand et fort. Un noble instinct le mène" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 8 Jun 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/37649/ce-si%C3%A8cle-est-grand-et-fort.-un-noble-instinct-le-m%C3%A8ne>.
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