Analysis of A ceux qui sont petits
Victor Marie Hugo 1802 (Besançon) – 1885 (Paris)
Est-ce ma faute à moi si vous n'êtes pas grands ?
Vous aimez les hiboux, les fouines, les tyrans,
Le mistral, le simoun, l'écueil, la lune rousse ;
Vous êtes Myrmidon que son néant courrouce ;
Hélas ! l'envie en vous creuse son puits sans fond,
Et je vous plains. Le plomb de votre style fond
Et coule sur les noms que dore un peu de gloire,
Et, tout en répandant sa triste lave noire,
Tâche d'être cuisant et ne peut qu'être lourd.
Tortueux, vous rampez après tout ce qui court ;
Votre oeil furieux suit les grands aigles véloces.
Vous reprochez leur taille et leur ombre aux colosses ;
On dit de vous : - Pygmée essaya, mais ne put.-
Qui haïra Chéops si ce n'est Lilliput ?
Le Parthénon vous blesse avec ses fiers pilastres ;
Vous êtes malheureux de la beauté des astres ;
Vous trouvez l'océan trop clair, trop noir, trop bleu ;
Vous détestez le ciel parce qu'il montre Dieu ;
Vous êtes mécontents que tout soit quelque chose ;
Hélas, vous n'êtes rien. Vous souffrez de la rose,
Du cygne, du printemps pas assez pluvieux.
Et ce qui rit vous mord. Vous êtes envieux
De voir voler la mouche et de voir le ver luire.
Dans votre jalousie acharnée à détruire
Vous comprenez quiconque aime, quiconque a foi,
Et même vous avez de la place pour moi !
Un brin d'herbe vous fait grincer s'il vous dépasse ;
Vous avez pour le monde auguste, pour l'espace,
Pour tout ce qu'on voit croître, éclairer, réchauffer,
L'infâme embrassement qui voudrait étouffer.
Vous avez juste autant de pitié que le glaive.
En regardant un champ vous maudissez la sève ;
L'arbre vous plaît à l'heure où la hache le fend ;
Vous avez quelque chose en vous qui vous défend
D'être bons, et la rage est votre rêverie.
Votre âme a froid par où la nôtre est attendrie ;
Vous avez la nausée où nous sentons l'aimant ;
Vous êtes monstrueux tout naturellement.
Vous grondez quand l'oiseau chante sous les grands ormes.
Quand la fleur, près de vous qui vous sentez difformes,
Est belle, vous croyez qu'elle le fait exprès.
Quel souffle vous auriez si l'étoile était près !
Vous croyez qu'en brillant la lumière vous blâme ;
Vous vous imaginez, en voyant une femme,
Que c'est pour vous narguer qu'elle prend un amant,
Et que le mois de mai vous verse méchamment
Son urne de rayons et d'encens sur la tête ;
Il vous semble qu'alors que les bois sont en fête,
Que l'herbe est embaumée et que les prés sont doux,
Heureux, frais, parfumés, charmants, c'est contre vous.
Vous criez : au secours ! quand le soleil se lève.
Vous exécrez sans but, sans choix, sans fin, sans trêve,
Sans effort, par instinct, pour mentir, pour trahir ;
Ce n'est pas un travail pour vous de tout haïr,
Fourmis, vous abhorrez l'immensité sans peine.
C'est votre joie impie, âcre, cynique, obscène.
Et vous souffrez. Car rien, hélas, n'est châtié
Autant que l'avorton, géant d'inimitié !
Si l'oeil pouvait plonger sous la voûte chétive
De votre crâne étroit qu'un instinct vil captive,
On y verrait l'énorme horizon de la nuit ;
Vous êtes ce qui bave, ignore, insulte et nuit ;
La montagne du mal est dans votre âme naine.
Plus le coeur est petit, plus il y tient de haine.
Scheme | AABACCDDCEAAFCAAGCHHAADDIJKADDIILLDDCCMANNOPCCOOAGIIDDQOOCIICCQQ |
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Poetic Form | |
Metre | 011111111111 11111111 0100111111 1110011111 1111111111 1111011111 11111111111 111111111 11111111111 111111111 111111111 111111111 1111111111 11111111011 011111111 11111111 1111111111 1110111111 1111011111 11111111111 110110111 111111111 11111111011 1111111 1111101 1111111111 11111111111 111011011 11111111111 111111 111111101 111111111 1111111101 1111111111 11111101111 110111111011 111111111 11111 111111111 11111111111 01111110111 10111111111 11111111111 1111111 1111111111 1101111111 1111111111 11111111111 1101111111111 11111111 11111001111 111111111111 1101101111 11011101111111 111111 11111111 111111110111 111111 1111111111 111111110110 11111010111 1111101111 10111011111 1010110111111 |
Closest metre | Iambic heptameter |
Characters | 3,185 |
Words | 540 |
Sentences | 29 |
Stanzas | 1 |
Stanza Lengths | 64 |
Lines Amount | 64 |
Letters per line (avg) | 36 |
Words per line (avg) | 9 |
Letters per stanza (avg) | 2,313 |
Words per stanza (avg) | 565 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on March 05, 2023
- 2:53 min read
- 135 Views
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Style:MLAChicagoAPA
"A ceux qui sont petits" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 14 May 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/37561/a-ceux-qui-sont-petits>.
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