Analysis of La victoire

Guillaume Apollinaire 1880 (Rome) – 1918 (Paris)



Un coq chante je rêve et les feuillards agitent
    Leurs feuilles qui ressemblent à de pauvres marins

Ailés et tournoyants comme Icare le faux
    Des aveugles gesticulant comme des fourmis
    Se miraient sous la pluie aux reflets du trottoir

Leurs rires amassés en grappes de raisin

Ne sors plus de chez moi diamant qui parlais
    Dors doucement tu es chez toi tout t'appartient
    Mon lit ma lampe et mon casque troué

Regards précieux saphirs taillés aux environs de Saint-Claude
    Les jours étaient une pure émeraude

Je me souviens de toi ville des météores
    Ils fleurissaient en l'air pendant ces nuits où rien ne dort
    Jardins de la lumière où j'ai cueilli des bouquets

Tu dois en avoir assez de faire peur à ce ciel
    Qu'il garde son hoquet

On imagine difficilement
    À quel point le succès rend les gens stupides et tranquilles

À l'institut des jeunes aveugles on a demandé
    N'avez-vous point de jeune aveugle ailé

Ô bouches l'homme est à la recherche d'un nouveau langage
    Auquel le grammairien d'aucune langue n'aura rien à dire

Et ces vieilles langues sont tellement près de mourir
    Que c'est vraiment par habitude et manque d'audace
    Qu'on les fait encore servir à la poésie

Mais elles sont comme des malades sans volonté
    Ma foi les gens s'habitueraient vire au mutisme
    La mimique suffit bien au cinéma

Mais entêtons-nous à parler
    Remuons la langue
    Lançons des postillons
    On veut de nouveaux sons de nouveaux sons de nouveaux sons
    On veut des consonnes sans voyelles
    Des consonnes qui pètent sourdement
    Imitez le son de la toupie
    Laissez pétiller un son nasal et continu
    Faites claquer votre langue
    Servez-vous du bruit sourd de celui qui mange sans civilité
    Le raclement aspiré du crachement ferait aussi une belle consonne

Les divers pets labiaux rendraient aussi vos discours claironnants
    Habituez-vous à roter à volonté
    Et quelle lettre grave comme un son de cloche
    À travers nos mémoires

Nous n'aimons pas assez la joie
    De voir les belles choses neuves
    Ô mon amie hâte-toi
    Crains qu'un jour un train ne t'émeuve
        Plus
    Regarde-le plus vite pour toi
    Ces chemins de fer qui circulent
    Sortiront bientôt de la vie
    Ils seront beaux et ridicules
    Deux lampes brûlent devant moi
    Comme deux femmes qui rient
    Je courbe tristement la tête
    Devant l'ardente moquerie
    Ce rire se répand
    Partout
    Parlez avec les mains faites claquer vos doigts
    Tapez-vous sur la joue comme sur un tambour
        Ô paroles
    Elles suivent dans la myrtaie
    L'Éros et l'Antéros en larmes
    Je suis le ciel de la cité

Écoutez la mer

La mer gémir au loin et crier toute seule
    Ma voix fidèle comme l'ombre
    Veut être enfin l'ombre de la vie
    Veut être ô mer vivante infidèle comme toi

La mer qui a trahi des matelots sans nombre
    Engloutit mes grands cris comme des dieux noyés
    Et la mer au soleil ne supporte que l'ombre
    Que jettent des oiseaux les ailes éployées

La parole est soudaine et c'est un Dieu qui tremble
    Avance et soutiens-moi je regrette les mains
    De ceux qui les tendaient et m'adoraient ensemble
    Quelle oasis de bras m'accueillera demain
    Connais-tu cette joie de voir des choses neuves

Ô voix je parle le langage de la mer
    Et dans le port la nuit des dernières tavernes
    Moi qui suis plus têtu que non l'hydre de Lerne

La rue où nagent mes deux mains
    Aux doigts subtils fouillant la ville
    S'en va mais qui sait si demain
    La rue devenait immobile
    Qui sait où serait mon chemin
    Songe que les chemins de fer
    Seront démodés et abandonnés dans peu de temps
    Regarde

La victoire avant tout sera
    De bien voir au loin
    De tout voir
    De près
    Et que tout ait un nom nouveau


Scheme AB BBC D BAC AA BAB EA AB AX FC CBB AGG CHBBBAXDHAD BAXB FBAIBAAIBGAACAABCBABA C ECIA CBCB JBJKB CBD BXKJDCBA CXCBI
Poetic Form
Metre 1111111111 1111111 11111101 111111 111111111 1101111110 11111110011 11111111 11111111 01111111010111 111111 1111111111 1111110111111 111111111101 1111111111 11111 10101 11011111111 11001111001 1111111 11101111111 1011111011 1111111111 11111111 111111111 11111111 11111111 1111111 111110 111 1111 11111111111 111111 111111 101111 1110111011 1111 11111111111 0111111111 1101111111 1111 111111111 10111 111111 111111 110111 111111111 1 101111 1101111 111111 111110 111111 11111 111111 111 11111 1 11111111 111111111 01 11111 11111111 1101111 111 11111111011 111011 1111111 11111011 111011111 111111111 1111011111 11111111 1010111111110 11111111 1111111010 101011101 111111111 11101111 1101111111 11111111111 1111111 111111 111111101 111010 111111 1111011 11111111111 1 10101110 11111 111 111 1111111
Closest metre Iambic hexameter
Characters 3,876
Words 622
Sentences 1
Stanzas 22
Stanza Lengths 2, 3, 1, 3, 2, 3, 2, 2, 2, 2, 3, 3, 11, 4, 21, 1, 4, 4, 5, 3, 8, 5
Lines Amount 94
Letters per line (avg) 30
Words per line (avg) 7
Letters per stanza (avg) 126
Words per stanza (avg) 28
Font size:
 

Submitted on May 13, 2011

Modified on April 22, 2023

3:15 min read
117

Guillaume Apollinaire

Guillaume Apollinaire was an Italian-born French poet, playwright, short story writer, novelist, and art critic born in Rome, in Italy, to a Polish mother. more…

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    Style:MLAChicagoAPA

    "La victoire" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 29 Apr. 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/16192/la-victoire>.

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