Analysis of La pluie
Emile Verhaeren 1855 (Sint-Amands) – 1916 (Rouen)
Longue comme des fils sans fin, la longue pluie
Interminablement, à travers le jour gris,
Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris,
Infiniment, la pluie,
La longue pluie,
La pluie.
Elle s'effile ainsi, depuis hier soir,
Des haillons mous qui pendent,
Au ciel maussade et noir.
Elle s'étire, patiente et lente,
Sur les chemins, depuis hier soir,
Sur les chemins et les venelles,
Continuelle.
Au long des lieues,
Qui vont des champs vers les banlieues,
Par les routes interminablement courbées,
Passent, peinant, suant, fumant,
En un profil d'enterrement,
Les attelages, bâches bombées ;
Dans les ornières régulières
Parallèles si longuement
Qu'elles semblent, la nuit, se joindre au firmament,
L'eau dégoutte, pendant des heures ;
Et les arbres pleurent et les demeures,
Mouillés qu'ils sont de longue pluie,
Tenacement, indéfinie.
Les rivières, à travers leurs digues pourries,
Se dégonflent sur les prairies,
Où flotte au loin du foin noyé ;
Le vent gifle aulnes et noyers ;
Sinistrement, dans l'eau jusqu'à mi-corps,
De grands boeufs noirs beuglent vers les cieux tors ;
Le soir approche, avec ses ombres,
Dont les plaines et les taillis s'encombrent,
Et c'est toujours la pluie
La longue pluie
Fine et dense, comme la suie.
La longue pluie,
La pluie - et ses fils identiques
Et ses ongles systématiques
Tissent le vêtement,
Maille à maille, de dénûment,
Pour les maisons et les enclos
Des villages gris et vieillots :
Linges et chapelets de loques
Qui s'effiloquent,
Au long de bâtons droits ;
Bleus colombiers collés au toit ;
Carreaux, avec, sur leur vitre sinistre,
Un emplâtre de papier bistre ;
Logis dont les gouttières régulières
Forment des croix sur des pignons de pierre ;
Moulins plantés uniformes et mornes,
Sur leur butte, comme des cornes
Clochers et chapelles voisines,
La pluie,
La longue pluie,
Pendant l'hiver, les assassine.
La pluie,
La longue pluie, avec ses longs fils gris.
Avec ses cheveux d'eau, avec ses rides,
La longue pluie
Des vieux pays,
Eternelle et torpide !
Scheme | abbaAA cdcdcba bbbddbbddbbae bbebbb bdaAb Abbddbbbdbdccbxbb bAAe AbbAbd |
---|---|
Poetic Form | |
Metre | 111111111 110011 111111111 111 111 11 1111101 11111 11111 1110111 11101101 1110111 1 1111 1111111 111111 1111 1111 111111 1111111 1111 11111111 11111011 1111111 1111111 111 11110111 1111110 1111111 011111 1111111 111111111 011111 1111111 11111 111 111111 111 111111 11111 1011 111111 111111 1100111 11111 11 111111 111111 111111 1111101 11111111 111111101 111111 111111 1111 11 111 10111 11 11111111 11111111 111 111 111 |
Closest metre | Iambic pentameter |
Characters | 1,978 |
Words | 321 |
Sentences | 9 |
Stanzas | 8 |
Stanza Lengths | 6, 7, 13, 6, 5, 17, 4, 6 |
Lines Amount | 64 |
Letters per line (avg) | 24 |
Words per line (avg) | 5 |
Letters per stanza (avg) | 194 |
Words per stanza (avg) | 41 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on March 23, 2023
- 1:40 min read
- 71 Views
Citation
Use the citation below to add this poem analysis to your bibliography:
Style:MLAChicagoAPA
"La pluie" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 28 Apr. 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/11203/la-pluie>.
Discuss this Emile Verhaeren poem analysis with the community:
Report Comment
We're doing our best to make sure our content is useful, accurate and safe.
If by any chance you spot an inappropriate comment while navigating through our website please use this form to let us know, and we'll take care of it shortly.
Attachment
You need to be logged in to favorite.
Log In