Analysis of Au Reichstag
Emile Verhaeren 1855 (Sint-Amands) – 1916 (Rouen)
On m'affirmait :
' Partout où les cités de vapeurs s'enveloppent,
Où l'homme dans l'effort s'exalte et se complaît,
Bat le coeur fraternel d'une plus haute Europe.
De la Sambre à la Ruhr, de la Ruhr à l'Oural,
Et d'Allemagne en France et de France en Espagne
L'ample entente disperse un grand souffle auroral
Qui va de ville en plaine et de plaine en montagne.
Ici le charbon fume et là-bas l'acier bout,
Le travail y est sombre et la peine y est rude,
Mais des tribuns sont là dont le torse est debout
Et dont le verbe éclaire au front les multitudes.
Aux soirs d'émeute brusque et de battant tocsin,
Quand se forme et grandit la révolte brutale,
Pour qu'en soient imposés les voeux et les desseins
Leurs gestes fulguraux domptent les capitales.
Ils maîtrisent les Parlements astucieux
Grâce à leur force franche, ardente et réfractaire,
Ils ont le peuple immense et rouge derrière eux
Et leur grondant pouvoir est fait de son tonnerre.
Leurs noms sont lumineux de pays en pays ;
Dans les foyers où l'homme et la femme travaillent,
Où la fille est la servante des plus petits,
Leur image à deux sous s'épingle à la muraille.
On les aime : ne sont-ils point simples et droits,
Avec la pitié grande en leur âme profonde ?
Et quand s'étend en sa totale ampleur leur voix,
Ne couvre-t-elle point de sa force le monde ? '
Et l'on disait encor :
' Eux seuls tissent les rets où sera pris le sort.
Qu'un roi hérisse un jour de ses armes la terre,
Leur ligue contre lui arrêtera la guerre. '
Ainsi
S'abolissait l'effroi, le trouble et le souci
Et s'exaltait la foi dans la concorde ardente.
La paix régnait déjà, normale et évidente
Comme un déroulement de jours, de mois et d'ans.
On se sentait heureux de vivre en un tel temps
Où tout semblait meilleur au monde, où les génies
Juraient de le doter d'une neuve harmonie,
Où l'homme allait vers l'homme et cherchait dans ses yeux
On ne sait quoi de grand qui l'égalait aux Dieux,
Quand se fendit soudain, en quelle heure angoissée !
Cette tour où le rêve étageait la pensée,
Ce fut en août, là-bas, au Reichstag, à Berlin,
Que ceux en qui le monde avait mis sa foi folle
Se turent quand sonna la mauvaise parole.
Un nuage passa sur le front du destin.
Eux qui l'avaient proscrite, accueillirent la guerre.
La vieille mort casquée, atroce, autoritaire,
Sortit de sa caserne avec son linceul blanc,
Pour en traîner l'horreur sur les pays sanglants.
Son ombre s'allongea sur les villes en flammes,
Le monde se fit honte et tua la grande âme
Qu'il se faisait avec ferveur pour qu'elle soit
Un jour l'âme du Droit
Devant l'audace inique et la force funeste.
Aux ennemis dont tue et ravage le geste,
Il fallut opposer un coeur qui les déteste ;
On s'acharna ensemble à se haïr soudain,
Le clair passé glissa au ténébreux demain,
Tout se troublait et ne fut plus, en somme,
Que fureur répandue et que rage dardée ;
Au fond des bourgs et des campagnes
On prenait peur d'être un vivant,
Car c'est là ton crime immense, Allemagne,
D'avoir tué atrocement
L'idée
Que se faisait pendant la paix,
En notre temps,
L'homme de l'homme.
Scheme | AAAX BCBC AAAD CBDD DEDE XADB DADA EAEE DDAADFXCDDGG CBBC EEXDDGAAAAACCHGDACAGDFH |
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Poetic Form | |
Metre | 11 11111111 111111011111 101111110 1110111111 111111111 1101011101010 111111111101 101111111 00110111111011 11111101011 1101111110 111111111 111111111 11111111111 111111 111111 111111111 11010111111 1111011111 11111111 1111111111 1110111111 110111111 1111111111 11111111 1111111111 1111111101 11111 11111110101 1111111111110 111101111 1 11010101 11111111 111111111 1111111111 1111111111 1111111111 110111100 111111111111 11111111111 111111111 1110111111 11111111101 11110111111 11111101 111101110 1111111 1111111 11111111 111111111 11111111 0111111111 1111111111 111111 1111111 111111001 111111111 110101111 0111111101 111111111 111111111 1111111 1111111 11111011 111 111 1111011 1101 11111 |
Closest metre | Iambic heptameter |
Characters | 3,102 |
Words | 547 |
Sentences | 20 |
Stanzas | 11 |
Stanza Lengths | 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 12, 4, 23 |
Lines Amount | 71 |
Letters per line (avg) | 33 |
Words per line (avg) | 8 |
Letters per stanza (avg) | 212 |
Words per stanza (avg) | 50 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on March 05, 2023
- 2:54 min read
- 69 Views
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Style:MLAChicagoAPA
"Au Reichstag" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 29 Apr. 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/11111/au-reichstag>.
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