Analysis of A Pâques
Emile Verhaeren 1855 (Sint-Amands) – 1916 (Rouen)
Frère Jacques, frère Jacques,
Réveille-toi de ton sommeil d'hiver
Les fins taillis sont déjà verts
Et nous voici au temps de Pâques,
Frère Jacques.
Au coin du bois morne et blêmi
Où ton grand corps s'est endormi
Depuis l'automne,
L'aveugle et vacillant brouillard,
Sur les grand-routes du hasard,
S'est promené, longtemps, par les champs monotones ;
Et les chênes aux rameaux noirs
Tordus de vent farouche
Ont laissé choir,
De soir en soir,
Leur feuillage d'or mort sur les bords de ta couche.
Frère Jacques,
Il a neigé durant des mois
Et sur tes mains, et sur tes doigts
Pleins de gerçures ;
Il a neigé, il a givré,
Sur ton chef pâle et tonsuré
Et dans les plis décolorés
De ta robe de bure.
La torpide saison est comme entrée en toi
Avec son deuil et son effroi,
Et sa bise sournoise et son gel volontaire ;
Et telle est la lourdeur de ton vieux front lassé
Et l'immobilité de tes deux bras croisés,
Qu'on les dirait d'un mort qui repose sous terre.
Frère Jacques,
Hier au matin, malgré le froid,
Deux jonquilles, trois anémones
Ont soulevé leurs pétales roses ou jaunes
Vers toi,
Et la mésange à tête blanche,
Fragile et preste, a sautillé
Sur la branche de cornouiller
Qui vers ton large lit de feuillages mouillés
Se penche.
Et tu dors, et tu dors toujours,
Au coin du bois profond et sourd,
Bien que s'en viennent les abeilles
Bourdonner jusqu'au soir à tes closes oreilles
Et que l'on voie en tourbillons
Rôder sur ta barbe rigide
Un couple clair et rapide
De papillons.
Pourtant, voici qu'à travers ton somme
Tu as surpris, dès l'aube, s'en aller
Le cortège bariolé
Des cent cloches qui vont à Rome ;
Et, leurs clochers restant
Muets et hésitants
Durant ces trois longs jours et d'angoisse et d'absence,
Tu t'éveilles en écoutant
Régner de l'un à l'autre bout des champs
Le silence.
Et secouant alors
De ton pesant manteau que les ronces festonnent
Les glaçons de l'hiver et les brumes d'automne,
Frère Jacques, tu sonnes
D'un bras si rude et fort
Que tout se hâte aux prés et s'enfièvre aux collines
A l'appel clair de tes matines.
Et du bout d'un verger le coucou te répond ;
Et l'insecte reluit de broussaille en broussaille ;
Et les sèves sous terre immensément tressaillent ;
Et les frondaisons d'or se propagent et font
Que leur ombre s'incline aux vieux murs des chaumières ;
Et le travail surgit innombrable et puissant ;
Et le vent semble fait de mouvante lumière
Pour frôler le bouton d'une rose trémière
Et le front hérissé d'un pâle épi naissant.
Frère Jacques, frère Jacques
Combien la vie entière à confiance en toi ;
Et comme l'oiseau chante au faîte de mon toit ;
Frère Jacques, frère Jacques,
Rude et vaillant carillonneur de Pâques.
Scheme | AbacA ddeffaxgbbg Aaaabbhb fbbxhb Afxafgibhg afaaaffa dbixfajxxj afeaxaa xifxxfbbf AffAc |
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Poetic Form | |
Metre | 111111 1111111 1111111 11111111 111 11111111 11111011 11 11101 111111 101111111 1111111 1111 1110 1111 1111111111 111 1011011 11111111 1111 101101 1111011 11111101 11111 11100111111 111111 11111111 11011111111 11111111 1111111101110 111 1011101 11111 111111011 11 1111111 101101 11111 111111111 11 1111111 1111111 1111111 1111101 1111111 111111 110111 11 1111011 11111111110 0111 111111 1111 1111 101111111110 111101 111111111 010 111 11111111 111111111 11111 1111111 1111111111111 01101111 11111101111 1111111 1111110111 11111111 111101111111 10011111 101111111 11101011111 10111111011 111111 11111111 1111111111 111111 1111111 |
Closest metre | Iambic pentameter |
Characters | 2,727 |
Words | 464 |
Sentences | 11 |
Stanzas | 10 |
Stanza Lengths | 5, 11, 8, 6, 10, 8, 10, 7, 9, 5 |
Lines Amount | 79 |
Letters per line (avg) | 26 |
Words per line (avg) | 6 |
Letters per stanza (avg) | 202 |
Words per stanza (avg) | 47 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on March 05, 2023
- 2:28 min read
- 74 Views
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Style:MLAChicagoAPA
"A Pâques" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 27 Apr. 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/11102/a-p%C3%A2ques>.
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