Analysis of Ecrit après la visite d'un bagne
Victor Marie Hugo 1802 (Besançon) – 1885 (Paris)
Chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne.
Quatrevingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
Ne sont jamais allés à l'école une fois,
Et ne savent pas lire, et signent d'une croix.
C'est dans cette ombre-là qu'ils ont trouvé le crime.
L'ignorance est la nuit qui commence l'abîme.
Où rampe la raison, l'honnêteté périt.
Dieu, le premier auteur de tout ce qu'on écrit,
A mis, sur cette terre où les hommes sont ivres,
Les ailes des esprits dans les pages des livres.
Tout homme ouvrant un livre y trouve une aile, et peut
Planer là-haut où l'âme en liberté se meut.
L'école est sanctuaire autant que la chapelle.
L'alphabet que l'enfant avec son doigt épelle
Contient sous chaque lettre une vertu ; le coeur
S'éclaire doucement à cette humble lueur.
Donc au petit enfant donnez le petit livre.
Marchez, la lampe en main, pour qu'il puisse vous suivre.
La nuit produit l'erreur et l'erreur l'attentat.
Faute d'enseignement, on jette dans l'état
Des hommes animaux, têtes inachevées,
Tristes instincts qui vont les prunelles crevées,
Aveugles effrayants, au regard sépulcral,
Qui marchent à tâtons dans le monde moral.
Allumons les esprits, c'est notre loi première,
Et du suif le plus vil faisons une lumière.
L'intelligence veut être ouverte ici-bas ;
Le germe a droit d'éclore ; et qui ne pense pas
Ne vit pas. Ces voleurs avaient le droit de vivre.
Songeons-y bien, l'école en or change le cuivre,
Tandis que l'ignorance en plomb transforme l'or.
Je dis que ces voleurs possédaient un trésor,
Leur pensée immortelle, auguste et nécessaire ;
Je dis qu'ils ont le droit, du fond de leur misère,
De se tourner vers vous, à qui le jour sourit,
Et de vous demander compte de leur esprit ;
Je dis qu'ils étaient l'homme et qu'on en fit la brute ;
Je dis que je nous blâme et que je plains leur chute ;
Je dis que ce sont eux qui sont les dépouillés ;
Je dis que les forfaits dont ils se sont souillés
Ont pour point de départ ce qui n'est pas leur faute ;
Pouvaient-ils s'éclairer du flambeau qu'on leur ôte ?
Ils sont les malheureux et non les ennemis.
Le premier crime fut sur eux-mêmes commis ;
On a de la pensée éteint en eux la flamme :
Et la société leur a volé leur âme.
Scheme | AABBCAD DBBDDEEFFFF DDBBEXGGBBFFH HFGDADDBBDABBCA |
---|---|
Poetic Form | |
Metre | 1111101111110 111111111 111111111 1111101111 1111111101 11000111101111 1111011111 10011111111 01111011111 1111111011 11111111111 101111111011 1101111101 110111111 11111101 1111101 1110110101 11111111111 1111111 1111111 1111111 110111111 1110111 111110110 111110111 1110111111 1010011111 01011111111 1111110111 1111111101 11110011111 1111111111 111110111 111101111111 111111011 111111101 1111111111111 1111111111111 111111111111 11111111111 11111111101111 1111111111 11111111 0011111111 10111111111 111110111 |
Closest metre | Iambic heptameter |
Characters | 2,243 |
Words | 382 |
Sentences | 21 |
Stanzas | 4 |
Stanza Lengths | 7, 11, 13, 15 |
Lines Amount | 46 |
Letters per line (avg) | 36 |
Words per line (avg) | 9 |
Letters per stanza (avg) | 411 |
Words per stanza (avg) | 98 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on March 05, 2023
- 2:04 min read
- 109 Views
Citation
Use the citation below to add this poem analysis to your bibliography:
Style:MLAChicagoAPA
"Ecrit après la visite d'un bagne" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 27 Apr. 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/37692/ecrit-apr%C3%A8s-la-visite-d%27un-bagne>.
Discuss this Victor Marie Hugo poem analysis with the community:
Report Comment
We're doing our best to make sure our content is useful, accurate and safe.
If by any chance you spot an inappropriate comment while navigating through our website please use this form to let us know, and we'll take care of it shortly.
Attachment
You need to be logged in to favorite.
Log In