Analysis of Le Bourreau monomane
Maurice Rollinat 1846 (Châteauroux) – 1903 (Ivry-sur-Seine)
Oh ! les saisons, été, printemps, hiver, automne,
Comme c’est long ! Que faire ? À quoi donc s’occuper ?
Maintenant qu’il n’a plus de têtes à couper,
Il trouve la vie âpre et le temps monotone.
Autrefois, il était le grand justicier
Plus fantastique et plus redouté que le Diable,
L’homme qui décapite un crime irrémédiable
Au tranchant toujours sûr du couperet d’acier.
Son nom, dit quelque part, rendait les gens tout blêmes ;
Lui seul, il pourvoyait légalement la mort ;
Et bien qu’il pût rogner ses frères sans remord,
Sa vue épouvantait les magistrats eux-mêmes.
Et quand la Peur broyait avec son laminoir
Ceux qui doivent subir la peine capitale,
Au fond de leur cachot, la vision fatale
C’était lui, le Monsieur correct en habit noir.
Par les matins glacés, par les aurores tièdes,
Autrefois, il trônait debout sur l’échafaud ;
Et qui donc aurait pu le trouver en défaut
Quand il faisait le signe effroyable à ses aides ?
Folle, effarée autour du funèbre tréteau,
La foule se tordait comme un tas de couleuvres
Pour voir de près l’exécuteur des hautes œuvres
Qui du bout de son doigt fait tomber le couteau.
Donc, il ne verra plus grouiller la multitude ;
Il a perdu renom, besogne, revenu.
Il n’est par tout pays qu’un banal inconnu,
Rentier de la misère et de la solitude.
Il sera donc un homme à toute heure hanté
Par l’aspect du triangle oblong de la Justice !
Sempiternellement, il faudra qu’il pâtisse,
Moulu par la vieillesse et par l’oisiveté.
Il n’incarnera plus l’épouvante ! La Veuve,
Il ne la verra plus ! C’est un autre bourreau
Qui va dorénavant la tirer du fourreau,
Chaque fois qu’un jury voudra qu’elle s’abreuve.
Il ne l’essaiera plus sur les grands mannequins,
Le couteau récemment aiguisé par la meule !
Plus de têtes, jamais ! Jamais plus une seule !
Ô rage ! Et les prisons fourmillent de coquins !
Et malheureux cerveau qui brûle et se détraque,
Il n’a plus qu’un désir, chez lui comme en chemin,
C’est de guillotiner encore un être humain ;
Et sa monomanie à toute heure le traque.
L’avis impératif et concis du Parquet,
Voilà ce qu’il attend dans une horrible extase.
Entre l’abbé qui prie et le barbier qui rase,
Il se revoit, hâtant le festin du baquet.
Et partout, dans l’azur comme dans la tempête,
Il évoque une lame et cherche d’un œil fou
La grimace que fait une tête sans cou
Et l’affreux jet de sang qui sort d’un cou sans tête !
Scheme | ABBA BCCB DEED BCCB DEED EDDE FAAF EDDE GBBG DCCD HAAH XDDE IGHI |
---|---|
Poetic Form | Quatrain (85%) |
Metre | 11111011 11111111 111111110 1111110110 111011 11111101 111111111 11111111 11111111111 101111111 11111111111 11111111 11111111 1111111 111111101 1110001011101 1111111111 11111111 1111101111 11101111 111111111 111111111 1111111111 1111111101 111111110 101111 111111011 1111111110 110111111 11110101110 111111 1111111 1111111 111111111 11111111 11110111 1111111100 01111111 111111111 11110111 1111101111 111111110111 1111111 1111101 101111101 11101111001 101111010011 111110111 1111011111 111111111 1101111111 111111111111 |
Closest metre | Iambic heptameter |
Characters | 2,449 |
Words | 409 |
Sentences | 27 |
Stanzas | 13 |
Stanza Lengths | 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4 |
Lines Amount | 52 |
Letters per line (avg) | 34 |
Words per line (avg) | 8 |
Letters per stanza (avg) | 137 |
Words per stanza (avg) | 33 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on March 05, 2023
- 2:02 min read
- 56 Views
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Style:MLAChicagoAPA
"Le Bourreau monomane" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 5 May 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/27689/le-bourreau-monomane>.
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