Analysis of À travers champs
Maurice Rollinat 1846 (Châteauroux) – 1903 (Ivry-sur-Seine)
Hors de Paris, mon cœur s’élance,
Assez d’enfer et de démons :
Je veux rêver dans le silence
Et dans le mystère des monts.
Barde assoiffé de solitude
Et bohémien des guérets,
J’aurai mon cabinet d’étude
Dans les clairières des forêts.
Et là, mes vers auront des notes
Aussi douces que le soupir
Des rossignols et des linottes
Lorsque le jour va s’assoupir.
Parfumés d’odeurs bocagères,
Ensoleillés d’agreste humour,
Ils auront, comme les bergères,
L’ingénuité dans l’amour.
M’y voici : la campagne est blonde,
L’horizon clair et le ciel bleu.
La terre est sereine, — et dans l’onde
Se mire le soleil en feu !
Là, fuyant code et procédure,
Mon pauvre père, chaque été,
Venait prendre un bain de verdure,
De poésie et de santé.
Là, plus qu’ailleurs, pour ma tendresse,
Son souvenir est palpitant;
Partout sa chère ombre se dresse,
Dans ce pays qu’il aimait tant !
Sous le chêne aux branches glandées,
Il me vient un souffle nouveau,
Et les rimes et les idées
Refleurissent dans mon cerveau.
Je revois l’humble silhouette
De la maison aux volets verts,
Avec son toit à girouette
Et ses murs d’espaliers couverts ;
Le jardin plein de rumeurs calmes
Où l’arbre pousse vers l’azur,
Le chant multiple de ses palmes
Qui frissonnent dans un air pur ;
Les petits carrés de légumes
Bordés de lavande et de buis,
Et les pigeons lustrant leurs plumes
Sur la margelle du vieux puits.
Plus de fâcheux, plus d’hypocrites !
Car je fréquente par les prés
Les virginales marguerites
Et les coquelicots pourprés.
Enfin ! je nargue l’attirance
Épouvantable du linceul,
Et je bois un peu d’espérance
Au ruisseau qui jase tout seul.
Je marche enfin le long des haies,
L’âme libre de tout fardeau,
Traversant parfois des saulaies
Où sommeillent des flaques d’eau.
Ami de la vache qui broute,
Du vieux chaume et du paysan,
Dès le matin je prends la route
De Châteaubrun et de Crozan.
Dans l’air, les oiseaux et les brises
Modulent de vagues chansons ;
A mon pas les pouliches grises
Hennissent au bord des buissons,
Tandis qu’au fond des luzernières,
Jambes aux fers, tête au licou,
Les vieilles juments poulinières
Placidement lèvent le cou.
Le lézard, corps insaisissable
Où circule du vif-argent;
Promène au soleil sur le sable
Sa peau verte au reflet changeant:
Dans les pacages d’un vert sombre,
Où, çà et là, bâillent des trous,
Sous les ormes, couchés à l’ombre,
L’œil mi-clos, songent les bœufs roux.
Dressant leur tête aux longues cornes,
Parfois les farouches taureaux
Poussent, le long des étangs mornes,
Des mugissements gutturaux.
Sur les coteaux et sur les pentes,
Aux environs d’un vieux manoir,
Je revois les chèvres grimpantes,
Les moutons blancs et le chien noir.
Debout, la bergère chantonne
D’une douce et traînante voix
Une complainte monotone,
Avec son fuseau dans les doigts.
Et je m’en reviens à la brune
Tout plein de calme et de sommeil,
Aux rayons vagues de la lune,
Ce mélancolique soleil !
Scheme | AAXX BABC XDAD EDED XFBG DXDH ABAH CGCG XABA CDAD AXXA ACAC AFAF ABAB BIXI AAAA EXEF FXXB DADF AAAA ADAD IAIA IFIX |
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Poetic Form | Quatrain (87%) |
Metre | 111011111 111111 11111010 1101111 11110 111111 1110011 11111111 1111111 11101 11111 10111 11111 1111 111111 1111 1111011 111011 110011111 1100111 111111 111111 111111 111111 111111 101011 1111111 111111 101111011 1111011 1111111 1111 11101 1110111 1111 11111 01011110 111110 01100111 111111 1111111 1111111 1110111 111111 111111 11111111 111 11111 1111 111 1111111 111111 1110111 111111 1111 11111 1011111 111111 11011111 111111 1111111 1111 011111 11111 111111 1111111 11111 11101 01111 111110 111011010 111111 111111 1111111 111111 111111111 1111111 1111 101111 111 1111111 1010111 111111 1111011 11111 111111 1110 111111 111111 1111111 111111 11101 |
Closest metre | Iambic pentameter |
Characters | 2,942 |
Words | 487 |
Sentences | 23 |
Stanzas | 23 |
Stanza Lengths | 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4 |
Lines Amount | 92 |
Letters per line (avg) | 24 |
Words per line (avg) | 5 |
Letters per stanza (avg) | 96 |
Words per stanza (avg) | 22 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on March 05, 2023
- 2:26 min read
- 115 Views
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Style:MLAChicagoAPA
"À travers champs" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 6 Jun 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/27504/%C3%80-travers-champs>.
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